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CONCLUSIONS

 

L’analyse des complications mammaires, que ce soit en reconstruction du sein ou en chirurgie esthétique, doit être effectuée en fonction du type d’indication, du type d’implant et de sa marque.

 

1) Indication :

Si l’on compare les complications en esthétique (symétrisation) et en reconstruction, on constate que:

  • Le pourcentage de vague, de rupture ou de dégonflement est semblable en revanche, nous avons noté 3 fois moins de coques Baker III/IV en symétrisation qu’en reconstruction.

 

2) Type d’implant :

a) Les implants gonflables au sérum physiologique présentent :

  • Deux fois plus de vagues que les implants pré-remplis de gel de silicone, ce qui est particulièrement vrai pour les implants texturés.

  • Les coques Baker III/IV sont deux fois moins fréquentes que pour les implants pré-remplis. La texturation ainsi que la position rétro-pectorale diminue nettement cette complication.

  • Le dégonflement est la complication majeure de ces implants, il a été constaté à 13% avec une incidence de 3,5% par an.

Cette complication est 10 fois plus fréquente que la rupture pour les implants pré-remplis de gel de silicone (10-6<p<10-4).

Le sous-gonflage de l’implant est à proscrire car il double le risque de dégonflement de l’implant (0,001<p<0,01).

  • Au total la médiane de vie d’un implant gonflable est estimée à 116 mois avec une incidence annuelle de perte de 8%.

Actuellement en France les implants remplis au sérum physiologique sont les seuls autorisés par la législation.

b) Les implants pré-remplis de gel de silicone présentent :

  • Deux fois moins de vagues et de reprises pour raison esthétique que les implants gonflables.

  • Ils sont responsables de 2 fois plus de coques Baker III/IV que les implants gonflables (0<p<0,0005) en particulier pour les implants fabriqués avant 1990.

 

  • La rupture des implants pré-remplis est un événement rare avec une incidence annuelle de 0,33% dans notre série.

Le délai moyen de survenue de la rupture est de 6 ans sur les 5 cas de ruptures que nous avons observé dans notre série.

  • Dans notre série nous n’avons recensé aucun cas supplémentaire de Connectivite ou de pathologie auto-immune pouvant paraître induite par le gel de silicone.

  • L’" anxiété du silicone " retrouvée chez 24 patientes a nécessité 15 changements d’implant et dans 22 cas ces patientes se sont inscrites au GLOBAL SETTLEMENT.

3) Analyse par marque :

Cette analyse permet de retrouver une fragilité exagérée de certains implants.

Par contre elle permet de constater la diminution du nombre de complications pour une même marque mais avec un implant différent (AHS® versus Mentor® Siltex).

  • Les implants MÉDILENS® avec 50% de dégonflement présentaient une fragilité anormale.

  • Les implants AHS®(sérum–lisses) présentent 4 fois plus de coques Baker III/IV que les implants Mentor® sérum-texturés (Siltex).

  • Les implants MENTOR® Siltex-sérum présentent 2 fois moins de dégonflements que les AHS® (0,001<p<0,01), probablement en raison de l’évolution technique de fabrication de ces implants.

  • Dans notre série les implants recouverts de polyuréthane de SEBBIN® (implants LSP) présentent un pourcentage élevé de coques ( 47%) aggravant le pourcentage global de coques de la marque. Il faut souligner que nous les réservions aux reprises pour coque.

  1. Analyse par complication :

  • La première cause de reprise chirurgicale d’un implant est l’asymétrie ou l’insatisfaction du résultat esthétique en reconstruction. Cette " complication " représente la moitié des cas de reprises chirurgicales de nos implants. En revanche, en symétrisation (esthétique) nous n’avons noté aucun cas de reprise pour ce motif. Il existe donc une augmentation non négligeable de la morbidité par l’implantation mammaire chez les patientes atteintes de cancer du sein.

  • Le dégonflement des implants gonflables est la deuxième complication retrouvée avec 13% dans notre série. L’évolution du risque de dégonflement est constamment croissante dans le temps avec une incidence de 3,5% par an.

  • La rupture des implants pré-remplis peut-être une complication sévère s’il y a diffusion du gel de silicone en dehors de la capsule péri-prothétique. Parmi les implants étudiés,

5 implants (1,6%) ont présenté cette complication, la difficulté de porter le diagnostic de rupture, dans certains cas, fait probablement sous-estimer le pourcentage réel. Toutefois cette complication reste moins fréquente par rapport au dégonflement des implants gonflables.

5) Durée de vie :

La médiane de vie d’une prothèse mammaire est estimée à 127 mois avec une incidence annuelle de perte de 7%. Ainsi au bout de 10 ans la moitié des implants ont "disparu ".

Cette notion importante soulève le problème suivant :

-faut il envisager un changement préventif des implants mammaires à 10 ans ?

-faut-il renforcer la surveillance, même en l’absence de complication, dont les modalités reste à définir ?

 

 

A l’issue de ce travail, on a le sentiment que les complications sont l’apanage des implants mammaires en reconstruction. Cette étude rétrospective rapporte un cumul d’événements sur plus de douze ans, d’où l’importance du nombre de complications. L’implant idéal n’existe pas, mais l’évolution des techniques, des matériaux et l’expérience du praticien ne peuvent que diminuer ces chiffres.

Enfin, l’expérience clinique, plus subjective, rencontre une satisfaction générale des patientes après leur reconstruction mammaire.

L’intérêt de cette étude rétrospective est qu’elle puisse devenir prospective car notre groupe est constamment suivi. Ainsi, dans l'avenir, nous pourrons affiner nos résultats afin d'obtenir quelques réponses aux multiples interrogations qu’apportent les implants mammaires.

 

Dr. Laurent BENADIBA

Chirurgien Plasticien

Email: lb@dr-benadiba.com

 

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